Vous avez souhaité avoir un chien et ça y est, il est là ! Vous êtes maintenant bien décidé à entreprendre avec lui une longue vie commune, pleine de joyeux moments et de complicité. Pour cela, vous sentez bien qu’il va être nécessaire de lui faire son éducation et lui enseigner certaines choses essentielles. Mais lesquelles ? On commence très régulièrement par le fameux triptyque : assis-couché-pas bougé… Parfait. La maîtrise de ces ordres est utile. Mais est-elle essentielle à l’intégration du chien dans la société humaine ? Est-elle de nature à vous permettre d’avoir une belle relation fondée sur la confiance ? Vous permet-elle d’assurer la sécurité de votre chien et de celle de l’entourage ?
Une petite histoire pour commencer…
Monsieur Rémi adore son labrador Rocky ; il veut le rendre heureux et sait qu’une des conditions à cela, c’est de lui offrir des sorties régulières. Oui mais voilà : à chaque fois, c’est un parcours du combattant qui laisse un Monsieur Rémi mécontent et exténué et un Rocky frustré et désorienté par la colère de son propriétaire.
Tout commence au moment de mettre la laisse, véritable combat avec un chien surexcité qui tourne et saute tandis que le malheureux Monsieur Rémi se contorsionne en tous sens pour agripper le collier. Quand enfin, la porte s’ouvre, Rocky part comme une fusée, Monsieur Rémi le suit…tant bien que mal.
Après 2 chutes évitées de justesse dans l’escalier voici nos amis dehors, à 100m du bois où Rocky pourra librement se défouler. Ils y arrivent, le chien traînant l’humain et enfin, Monsieur Rémi au bras à moitié déboîté libère son Rocky qui file à toutes pattes. Ouf !
Mais voilà la dame au yorkshire qui arrive et qui, voyant Rocky se précipiter, ramasse son chien pour le mettre à l’abri de cette brute impolie. Monsieur Rémi rappelle mais Rocky saute sur la dame pour atteindre le petit chien qui pousse des cris perçants. La dame crie aussi, Rocky s’excite de plus en plus et se met à aboyer !
Enfin, Monsieur Rémi parvient à rattacher son chien et le traîne loin de la dame qui l’invective. Il est furieux et gronde Rocky qui ne saisit pas trop bien ce qu’il a pu faire de mal !
Le chien s’étant calmé et Monsieur Rémi s’étant assuré que la voie est libre, il relibère Rocky et engage une sympathique partie de lancer de pigne de pin. Brusquement le chien se fige, son corps se tend. Et le voilà parti à toute allure dans un chemin. Monsieur Rémi lui ordonne de stopper, de revenir, le chien est lancé, n’entend rien…
Il faudra près de 15 minutes à un Monsieur Rémi essoufflé pour récupérer Rocky et reprendre illico le chemin du retour, la laisse bien arrimée et l’humain excédé.
J’espère que vous ne vous retrouvez pas dans les aventures de Monsieur Rémi et de Rocky, mais combien de promenades virent ainsi au cauchemar, combien de drames même pourraient être évités si l’éducation de base du chien comportait systématiquement l’apprentissage des ordres essentiels à la sécurité et au bien-être de tous.
Que voulons-nous pour notre chien ?
Le chien est d’une autre espèce que l’humain. Néanmoins, il lui faut vivre parmi nous et donc s’adapter à nos modes de vie.
Il doit apprendre à réfréner ses propres besoins pour se conformer aux besoins humains. On ne le laissera pas librement courir, creuser, aboyer ou sauter. Tous ces comportements qui pour lui sont naturels, sont la plupart du temps, dérangeants pour nous. Il va donc lui falloir un minimum d’éducation.
Nous souhaitons un chien « bien élevé » mais nous voulons aussi que notre chien soit heureux. Comment concilier ces deux volontés aussi importantes l’une que l’autre ? Comment être sûr que notre chien trouve en notre compagnie la possibilité de satisfaire ses besoins instinctuels sans pour autant se mettre la société humaine à dos ?
La réponse est simple : en lui apprenant à se canaliser, à être attentif à nos demandes pour que nous puissions à notre tour, répondre aux siennes.
Que Rocky sache s’assoir et se coucher sur commande, c’est très bien et souvent nécessaire. Mais de peu d’utilité quand il s’agit de l’empêcher de courser le chat de la voisine ou de traverser la route comme un fou !!
Les 3 ordres qui, à mon sens, devraient être mis en tête de liste de l’éducation du chien sont :
- La marche en laisse
- Le rappel
- L’arrêt sur commande
La marche en laisse
La marche en laisse est une compétence que devrait posséder tout chien amené à sortir de chez lui.
Le chien qui sait marcher en laisse, sans tirer, sans faire des huit dans les jambes de son propriétaire, sans s’arrêter pour renifler chaque poteau est un chien que l’on peut emmener partout, en ville comme sur les routes. C’est un animal avec qui l’on aura plaisir à se promener que ce soit pour une petite balade hygiénique, pour se rendre au marché ou encore pour une balade dans des lieux où il ne peut être lâché.
Vous avez votre chien au bout d’une laisse détendue, il marche à vos côtés tranquillement et s’arrête en même temps que vous le temps de traverser la route ou d’échanger quelques mots avec des passants. Vous êtes serein, fier du binôme que vous formez, heureux de votre harmonie. Le rêve non ?
Indépendamment de la tranquillité que vous assure un chien paisible, il est important de garder à l’esprit que la loi oblige bien souvent que le chien soit tenu en laisse lors de ses déplacements et pas seulement pour ce qui concerne les chiens de catégorie.
Ainsi, tout chien se trouvant à 100m de son propriétaire est considéré comme en état de divagation et peut vous mettre en infraction.
Un arrêté ancien (de 1955) stipule que dans un but de protection de la faune, « Dans les bois et forêts, il est interdit de promener des chiens non tenus en laisse en dehors des allées forestières pendant la période du 15 avril au 30 juin »
Dans une majorité de communes, des arrêtés municipaux prévoient que les chiens doivent être en laisse dans les parcs et les bois communaux. Et même si une certaine indulgence est souvent de mise, ces règlements sont opposables aux propriétaires et une amende reste toujours possible.
Enfin, si l’on souhaite une société bienveillante envers nos amis canins, il est de notre responsabilité, en tant que propriétaires de faire en sorte que chiens et humains puissent se croiser et se côtoyer sans que les premiers ne soient source de stress pour les seconds. Qui n’a pas déjà assisté à la pénible scène d’enfants effrayés par un chien non contrôlé ? Ce n’est pas parce que « Rocky n’est pas méchant » qu’il est autorisé à semer le trouble dans la promenade des autres !
Un chien en laisse assure donc une sécurité certaine car l’attache permet à l’animal de participer à la vie de ses humains en sortant avec eux. Cependant, pour être heureux, un chien a aussi besoin d’avoir des instants de liberté pour s’ébattre et courir.
Il est donc très important que vous puissiez très fréquemment (chaque jour dans l’idéal) offrir à votre animal un bon moment de défoulement en toute liberté pour qu’il puisse courir à sa guise, sauter dans l’eau, aller renifler de bonnes odeurs à 10 mètres…
Pour cela, une condition essentielle : qu’il ait un excellent rappel !!
Le rappel
Le rappel ne peut être aléatoire selon les circonstances ni même se contenter d’être «bon », il doit fonctionner à 100%, quelque soit la situation rencontrée.
Il est toujours facile de faire revenir son loulou chez soi ou lors d’une promenade sans trop de stimulations. Mais être certain que le chien, lancé sur une piste de lapin, revienne à la demande est une autre affaire !
C’est sans doute un des exercices les plus difficiles à réaliser pour nos compagnons.
Imaginez que vous avez un rendez-vous très important, que vous attendez avec impatience. A l’heure dite, vous partez et en chemin, votre conjoint(e) vous appelle et vous demande de revenir chercher du courrier urgent à poster ! Arrghh !!! Si vous faites demi-tour, vous ratez votre rendez-vous… C’est un peu l’état d’esprit du chien que vous rappelez alors qu’il est super attiré par quelque chose qui, pour lui, ne peut pas attendre !
Autant vous dire que s’il revient, il a mérité le podium des félicitations !!
Et pourtant sans rappel, il vous sera très difficile de faire confiance à votre animal et donc de le lâcher alors même que vous êtes dans un lieu qui s’y prête. Quelle frustration pour lui et pour vous !
Je ne compte plus le nombre de fois où , en balade avec mes chiens, je croise des propriétaires agrippés à la laisse d’un chien qui n’a qu’une envie : aller jouer librement. Et toujours le même discours: « je le lâcherai bien mais il ne revient pas ».
Ce n’est pas une fatalité !! Prenez le temps d’apprendre à votre chien à revenir. Si nécessaire, faites-vous aider par un professionnel. Mais ne renoncez pas à ce plaisir de la confiance réciproque entre un humain qui sait que son chien peut se dépenser car il reviendra dès que nécessaire et un chien qui a accès à la liberté tout en restant attentif aux demandes de son propriétaire !
Apprendre à rappeler son chien permet de gagner en sécurité et assure de belles et heureuses balades avec son compagnon.
L’arrêt sur commande
Le troisième apprentissage indispensable pour une belle relation est la capacité du chien à s’arrêter sur simple commande et contrairement au rappel, cet apprentissage est relativement simple à mettre en place.
Dès que le propriétaire prononce l’ordre correspondant (le mot « Stop » le plus souvent), le chien doit arrêter immédiatement le comportement auquel il se livrait.
Exemples : votre chien aboie, vous voulez qu’il se taise. Le portail est resté ouvert et votre loulou se précipite vers la route. La balle a roulé sous un meuble et voilà votre petit copain qui gratte furieusement le pied du canapé. Votre belle-mère a planté de nouveaux rosiers et vous surprenez Toto en train de joyeusement les déterrer. Vous vous apprêtez à sortir avec votre chien mais il est si excité que vous ne parvenez pas à lui passer son collier. Etc.
Plusieurs fois par jour, nous sommes amenés à faire cesser un comportement qui nous dérange. Parfois il s’agit d’arrêter un simple désagrément mais il arrive aussi qu’il faille éviter un vrai danger comme dans le cas du chien qui se précipite sur la route. Si à ce moment le Stop n’arrête pas pile le chien, la catastrophe est imminente…
Aussi, il est plus facile de stopper une intention que de stopper un comportement : si vous stoppez toutou au moment où il va commencer à aboyer, il aura moins de difficulté à vous obéir que si vous voulez l’arrêter en pleines vocalises. Pour cela, il est important de bien observer son chien et de connaître les signes précurseurs de tel ou tel comportement.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’abuser de cet ordre et d’en faire un veto de tous les instants. Le chien a besoin d’exprimer certains comportements comme aboyer ou courir ou creuser. Mais en tant que propriétaires responsables, il nous revient de déterminer quand et comment nous pouvons lui permettre de les manifester.
Une des conditions du succès est donc d’éviter d’engendrer de la frustration chez le chien. Si l’instinct de votre compagnon le pousse à creuser frénétiquement et que vous l’en empêchez systématiquement, il arrivera un moment où soit votre ordre ne fonctionnera plus soit votre chien manifestera son besoin par un autre comportement pas forcément plus désirable. Si au contraire, vous mettez en place des solutions pour qu’il puisse creuser à certains moments, son besoin sera respecté et il vous écoutera quand vous lui interdirez de le faire !
Voilà donc les trois compétences qu’à mon avis tout chien devrait acquérir pour une vie commune harmonieuse avec vous.
Beaucoup de chiens restent à l’attache ou même ne sortent plus du tout tant les propriétaires sont lassés de se démettre le bras au bout de la laisse ou de courir après un toutou qui ne veut rien entendre.
Ne plus ou peu sortir son chien ouvre la porte à de nombreux comportements indésirables : l’animal qui n’aura pas la possibilité de satisfaire ses besoins instinctuels ni de dépenser son énergie est un animal qui risque d’adopter des comportements de substitution peu agréables : vocalises, destructions, malpropreté voire agressivité. A moins qu’il ne tombe en dépression ce qui arrive aussi et passe très souvent inaperçu, le propriétaire pensant juste que son chien s’est (enfin) calmé !
Bien sûr, il est toujours préférable de commencer le plus tôt possible, alors que votre protégé est encore un chiot de quelques mois. Cependant, même s’il est adulte et pétri de « mauvaises habitudes », rien n’est perdu. Il faudra juste davantage de temps et beaucoup de patience.
Il ne faut pas non plus hésiter à demander de l’aide si vous vous sentez démuni : clubs canins ou éducateurs sauront vous guider et vous donner confiance en vous et en votre loulou. Une fois les bases jetées, vous serez autonome dans la compréhension du fonctionnement de votre chien et serez partis pour une merveilleuse relation !