Le comportement du chien répond toujours à un besoin. Identifier ce besoin permet de comprendre le comportement et éventuellement de le modifier. Que ce soit pour donner de nouvelles compétences à notre chien ou pour rééduquer des comportements qui ne nous conviennent pas, il existe des principes de base applicables à toutes les situations.
Un comportement c’est quoi au juste ?
Un comportement est l’action de faire quelque chose dans un but précis.
Si je veux que mon chien arrête d’aboyer, je ne renforcerai pas le fait qu’il n’aboie pas mais je renforcerai le fait qu’il est calme. Vous voyez la nuance ?
Ce n’est pas qu’une question de sémantique : cela vous permet de toujours vous demander ce que vous souhaitez voir faire à votre chien et récompenser le bon comportement quand il se produit. On en reparle un peu plus bas…
Les déclencheurs du comportement
Ce que l’on nomme trouble du comportement chez le chien peut être plus ou moins grave et handicapant dans la vie quotidienne et il est important de comprendre ce qui se passe et pourquoi le chien agit ainsi.
Tout comportement a un ou plusieurs déclencheurs (les behavioristes parlent d’antécédents) et un ou plusieurs buts.
Les déclencheurs peuvent être nombreux et ne sont pas toujours faciles à repérer : tel chien va se mettre à aboyer quand il est chez lui, avec plus de 3 personnes dans la même pièce alors que chez des voisins, il ne dira rien même si 10 personnes sont présentes. Le déclencheur peut être le fait qu’il se sent envahi sur son territoire social.
Tel autre va bloquer au milieu de la promenade et refuser d’avancer sans que l’on comprenne pourquoi. En réalité, la dernière fois qu’il est passé, il a vu un gros chien qui lui a fait peur juste au tournant de cette rue et maintenant la vue de l’endroit le terrorise… Cette rue déclenche sa réaction de peur.
Le but est toujours d’obtenir quelque chose ou d’éviter quelque chose.
Même le chien qui dort a un but : se reposer, satisfaire son besoin de sommeil, passer le temps…
La compréhension des déclencheurs et des buts permet de cibler précisément la façon dont on va chercher à modifier le comportement.
Prenons l’exemple du chien qui est dehors et qui aboie à la porte : le déclencheur des aboiements est d’être dehors. Son but est de rentrer dans la maison. Dans ce cas simple, si vous souhaitez changer son comportement, il faut donner au chien la possibilité d’atteindre son but (rentrer) par un autre moyen.
Le déclencheur peut être l’instinct : si vous avez un chien de berger et de lignée de travail, il est fort possible que son instinct de prédation se déclenchera à la vue d’une proie (qui peut être un vélo !) en mouvement devant lui.
Le déclencheur peut être une émotion : la peur par exemple est un puissant déclencheur des comportements de fuite ou d’agression. La frustration du chien dont les besoins ne sont pas assez pris en compte peut être un déclencheur de différents comportements de compensation désagréables pour les humains (aboiements, fugues, destructions…)
Pourquoi vouloir changer les comportements de nos chiens ?
Nous devons trouver l’équilibre entre d’une part le respect du chien, de sa nature et de ses besoins et d’autre part, les contraintes qu’entraînent pour lui le fait d’être intégré dans la société humaine.
Déjà, nous sommes responsables de la sécurité de notre chien et de celle des personnes qui croisent sa route.
Il ne vient à l’idée de personne de prendre son chien et hop, c’est parti pour une grande balade en ville sans laisse ni collier et sans bien sûr, avoir sérieusement éququé son animal (d’ailleurs même hyper bien éduqué au suivi naturel, ne laissez jamais votre chien libre en ville) !
Donc, la 1ère des choses que nous faisons quand le chien arrive dans notre foyer, c’est lui mettre un collier/harnais et une laisse pour sortir. Pourquoi ? Pour modifier tout de suite son comportement naturel qui consisterait à vivre sa vie de chien à l’extérieur…
Au delà des aspects liés à la sécurité, si nous laissons les chiens mener la vie qui leur est naturelle alors notre vie avec eux devient impossible.
Par exemple, le chien n’a pas spontanément le réflexe de faire ses besoins naturels à l’extérieur. Si nous ne l’habituons pas à attendre d’être dehors, il se soulagera toujours indifféremment à l’intérieur ou à l’extérieur.
Si votre chien est un petit gourmand (la majorité le sont 😊) et que vous ne lui apprenez pas qu’il ne faut pas quémander à table ou se servir lui-même, vous devrez toujours être sur le qui-vive dès que de la nourriture sera présente !
Les raisons sont très nombreuses pour que les chiens adoptent tel ou tel comportement et nous avons également de nombreuses raisons de demander à nos animaux d’adopter un comportement compatible avec notre vie commune.
Comment modifier un comportement ?
Repérer le (ou les ) déclencheurs
Il suffit souvent de supprimer ou de modifier le déclencheur pour régler le trouble du comportement du chien.
Par exemple
- Avec un chien réactif, on peut gérer la distance qui le sépare de sa cible
- Avec un chien qui fait de la protection de ressources, on peut gérer l’environnement
Bien sûr, il ne s’agit là que de gestion immédiate. Il faut également traiter le problème sur le fond pour que le chien n’ait plus de raisons de produire ce comportement
Savoir ce que l’on veut
C’est une question fondamentale que tout propriétaire ou futur propriétaire de chien doit se poser.
En effet, modifier un comportement revient toujours à contrarier, même de façon légère, la nature spontanée de votre animal. Ce n’est donc pas anodin.
Certains comportements qui dérangent beaucoup de gens peuvent ne pas vous gêner. Dans ce cas, vous n’avez pas à céder à la pression sociale qui vous souffle que « ça ne se fait pas » !
Un exemple très classique : vous aimez que votre chien dorme avec vous sur votre lit. Ce faisant, vous vous faites plaisir à tous les deux et c’est votre droit ! (bon, si ça occasionne des scènes de ménage, il faut peut-être reconsidérer la question 😅).
Si Snoopy adore faire des tranchées dans votre jardin et que ça ne vous dérange pas, inutile de l’embêter à changer de comportement !
En ce qui concerne ce qui nous dérange, il faut définir ce que l’on veut voir notre chien faire (et non ce qu’on ne veut plus le voir faire)
- Je veux qu’il aille attendre dans son panier quand je sors la laisse (et non « je ne veux plus qu’il saute partout »)
- Je veux qu’il gratte à la porte quand il veut rentrer (et non « je ne veux plus qu’il aboie »)
- Je veux qu’il s’assoit devant la porte quand il veut sortir (et non « je ne veux plus qu’il tourne en rond »)
Vous saisissez la nuance ? Elle est très importante.
Réviser ses pratiques
Tout d’abord, prendre le temps de la réflexion et de l’analyse de nos propres réponses aux comportements indésirables du chien.
Très souvent, nous encourageons le chien à produire ces comportements qui nous dérangent :
- on aimerait qu’il n’aboie pas quand il est dehors (aïe, les voisins…) donc on lui ouvre la porte quand il insiste un peu ;
- on est dérangé quand il quémande à table donc on finit par lui donner quelque chose assorti de « et maintenant couché ! » ;
- On s’agace quand il nous saute dessus alors qu’on rentre les bras chargés de courses mais quand on est disponible on accueille avec joie ces mêmes manifestations de bienvenue ;
- Etc.
Connaître les mécanismes de base de l’apprentissage
La loi de base est que le chien reproduit un comportement qui lui rapporte une satisfaction. S’il a le choix entre 2, il prendra la plus satisfaisante pour lui (pas forcément pour nous).
Si je le gronde quand il revient vers moi, il n’aura pas très envie de venir. Si lorsqu’il arrive, je l’entraîne dans un jeu ou que je lui donne une délicieuse friandise, il viendra plus volontiers à mon appel.
A l’inverse, si le chien a le choix entre 2 comportements aversifs, il choisira le moins aversif pour lui.
Par exemple, vous êtes sur le terrain d’agility. Votre chien bloque devant un obstacle. Vous lui criez dessus. Si la peur de l’obstacle est la plus forte, il n’ira pas. S’il y va c’est que la peur de vos réactions aura été plus importante que la peur de l’épreuve. Ce qui peut alors interroger sur la qualité de votre relation avec le chien…
La répétition
Certains comportements sont très vite appris par le chien : ouverture d’une porte quand il trouve tout seul, éviter un lieu où s’est déroulé quelque chose de désagréable… Il utilise ces comportements de façon spontanée quand il en ressent le besoin ou l’envie.
Mais si on veut lui apprendre quelque chose, il faut s’armer de patience et répéter très souvent. Car dans ce cas, on lui demande de produire un comportement que nous désirons. Ce qui pour le chien n’est pas du tout pareil !
L’acquisition d’un nouveau comportement peut être long surtout si ce que l’on désire est contradictoire avec un long historique comportemental : pour reprendre l’exemple du chien à qui on a pris l’habitude d’ouvrir quand il aboie. Maintenant, on veut lui ouvrir quand il se tait… Cette rééducation peut être éprouvante car au début, le chien va insister, insister, insister… d’autant plus que son ancien comportement lui apportait ce qu’il recherche !
La constance
Pour être cohérent la constance est le maître mot.
Une règle doit être posée clairement et s’appliquer à 100% par tout le monde sans faire d’exception.
Si à un moment, même pour une très bonne raison, vous ouvrez à votre chien qui aboie comme une furie, vous lui apprenez qu’il a eu raison d’insister et tout sera à recommencer avec un seuil de tolérance à la durée plus longue pour votre animal.
Il est donc important de réfléchir à un plan B.
Exemple : votre chien quémande à table et vous avez décidé de ne plus rien lui donner jusqu’à ce qu’il arrête de lui-même un comportement qui ne lui rapporte plus rien.
Devant votre nouvelle attitude, votre animal se fait plus insistant (c’est normal). Si bien qu’il en vient à mettre ses pattes sur vos genoux pour chercher à atteindre la table.
De votre côté, vous avez des invités et le chien vous cause beaucoup de gêne. Pour compléter le tout, rajoutons un enfant qui vous supplie de donner quelque chose à « ce pauvre chien » 😅
PLAN A : ignorer le chien qui quémande
PLAN B : vous lever et accompagner votre chien à un autre endroit où vous le laisserez avec une bonne chose à mâchouiller.
Ainsi vous n’aurez pas gâché votre travail en cours et vous aurez bien géré la situation.
Chaque chien a son répertoire comportemental. Il le construit tout au long de sa vie.
Plus il aura un environnement stimulant et riche, plus il bénéficiera d’expériences et d’apprentissage et plus son répertoire sera important. Quand le chien dispose d’un large répertoire, il devient de plus en plus facile de lui apprendre de nouveaux comportements ou de l’aider à modifier les anciens !