Nous sommes tous des êtres d’habitudes. Programmés pour économiser notre énergie au maximum, nos habitudes nous permettent d’accomplir une foule de choses sans avoir à y penser et nous laissent donc l’esprit libre pour les réflexions constructives.
Il y a les comportements routiniers que nous produisons à heures fixes.
Il y a également nos petites manies qui sont autant d’habitudes que nos routines horaires. Par exemple, quand je me couche le soir, j’emporte toujours avec moi un peu de chocolat… C’est devenu une habitude tout aussi nécessaire que ma douche du matin ! Pourquoi ? Parce que j’en retire du plaisir et donc un bénéfice !
Comme beaucoup d’autres espèces, le chien est également un être d’habitudes. Bonnes ou mauvaises. Mais qui lui sont toujours bénéfiques.
Alors comment se créent les habitudes de votre chien ?
A quoi lui servent-elles ?
Avez-vous intérêt à lui en créer volontairement ?
Si oui, lesquelles et pourquoi ?
Comment changer les comportements de votre chien en modifiant ses habitudes ?
Les habitudes horaires
Ce sont les choses que l’on fait de façon régulière, souvent à la même heure.
En semaine, on se lève tous les jours à la même heure puis nous entamons un rituel bien rodé (café, douche, vêtements, lever des enfants, petit-déjeuner…).
Le soir a sa propre routine.
Et les week-end aussi, même si l’on s’accorde plus de souplesse…
Notre montre ou notre portable sont nos principaux assistants dans ce déroulé quotidien : heure du lever, du départ au travail, du retour à la maison, du coucher…
Qu’en est-il du chien ?
Certes, il n’a pas de montre et ne sait même pas lire l’heure !
Et pourtant ses activités sont aussi minutées que les nôtres puisqu’il dépend de nous et que nous dépendons de l’heure 😉 !
C’est ainsi qu’il y aura des moments précis pour :
- Les sorties hygiéniques
- Les balades plaisir
- Les repas
- Les moments de jeux
- Les séances éducatives
- Les moments seuls à la maison
- Etc.
Tous ces moments qui reviennent de façon régulière aux mêmes temps de la journée sont des habitudes que le chien prend.
Il les prend d’autant plus facilement que la communication du chien est très axée sur le visuel. Il nous observe donc énormément.
Il sait ainsi si nous sommes un jour de semaine, en week-end ou même en vacances.
Tout cela il le détermine en fonction de beaucoup de paramètres :
- Notre heure de lever
- Notre humeur
- Notre disponibilité
- L’ambiance générale de la maison
- Les vêtements et/ou chaussures que nous enfilons…
Si je mets mes escarpins, mon chien me suivra d’un œil indifférent quand je me dirige vers la porte. Il sait qu’il reste à la maison. Mais que j’enfile mes chaussures de rando, son attitude est diamétralement opposée : il va sauter sur place, frétiller, aller à la porte. Bref, il a l’habitude d’associer type de chaussures = type d’activité pour lui.
On peut se demander si c’est une bonne chose pour le chien d’avoir tellement d’habitudes horaires que presque tout ce qui va lui arriver est prévisible par lui.
On pourrait aussi se poser la question pour les humains : notre routine quotidienne et hebdomadaire est-elle bénéfique ou nuisible ?
On l’a relevé plus haut, une habitude est bénéfique dans le sens où elle nous libère l’esprit de beaucoup de choses ne nécessitant pas de réflexion.
Et également une habitude peut être engendrée par la satisfaction renouvelée d’un plaisir (mon chocolat avant de dormir 😊)
Pour le chien, ce n’est pas lui qui décide des habitudes qu’il prend, c’est nous. C’est bien pour cela que la 1ère habitude de Snoopy est de nous observer !
Est-ce que les habitudes horaires du chien lui sont utiles ?
Comme ce sont nos habitudes qui déterminent celles du chien, il n’est pas libre de choisir l’heure à laquelle il va aller faire un tour en forêt ou celle de son repas.
Alors quels bénéfices en tire-t-il ?
Le principal bénéfice est que ses habitudes lui permettent d’évoluer dans un cadre prévisible donc rassurant.
Sa petite mécanique interne lui dicte les instants où il ne va rien se passer (vous êtes à table), ceux qui constituent un joyeux moment (vous rentrez, c’est l’heure de sa sortie) et ceux qui sont mauvais signe (vous sortez l’aspirateur).
Imaginez que vous nourrissiez votre chien de façon très fantaisiste : un jour vous lui donnez 2 repas, le lendemain un seul au milieu de la journée, le surlendemain vous ne le nourrissez pas et ainsi de suite. Le pauvre animal ne saura jamais quand il va manger ni même s’il va manger ! Rien de moins rassurant surtout pour une fonction aussi vitale.
A l’inverse, si vous le nourrissez tous les matins à 7h puis tous les soirs à 19h, c’est très rassurant pour lui.
Selon le tempérament du chien, des habitudes très précises peuvent être nécessaires.
Par exemple un chien anxieux sera rassuré par un cadre bien bordé qui ne laisse pas de place à l’imprévu.
Un chien qui est toujours en demande d’attention aura également intérêt à être bien cadré pour qu’il sache de lui-même quels sont les moments où il peut vous solliciter et ceux où vous ne serez pas disponible pour lui.
L’importance de donner des habitudes à votre chien dépend également de votre mode de vie.
Si vous êtes toujours à la maison, l’emploi du temps de votre animal aura sans doute moins besoin d’être rythmé puisque le chien se calquera sur vous et c’est votre disponibilité qui sera le cadre rassurant dont il a besoin.
Si vos diverses occupations vous obligent à beaucoup cloisonner vos journées, vous aurez tout intérêt à donner des habitudes à votre chien pour qu’il sache où il en est.
Modifier les mauvaises habitudes horaires
Des habitudes strictes peuvent devenir contraignantes.
Si on reprend l’exemple du chien nourri tous les matins à 7h et tous les soirs à 19h. Cette routine est certes rassurante pour lui mais peut devenir inconfortable pour vous.
S’il vous prend l’envie de faire la grasse matinée ou si vous êtes très occupé un soir à 19h, vous allez avoir un Snoopy qui viendra vous tirer du lit, qui fera des allers-retours vers sa gamelle, qui aboiera pour attirer votre attention ou toutes autres choses peu plaisantes.
Alors que faire ?
La solution est d’introduire de la flexibilité dans vos habitudes.
Toujours dans le cas des repas, vous pouvez donner entre 7h et 8h puis entre 18h30 et 19h30. Vous aurez ainsi un chien qui sait que ça va venir mais qui n’est pas réglé comme une horloge.
Pareil pour les sorties : si jusqu’ici vous sortiez votre chien sitôt reposé le café du déjeuner, variez le timing. De temps en temps avant le café, d’autres fois dans la demi-heure qui suit, etc.
Bien sûr il faudra adapter cette souplesse au tempérament plus ou moins anxieux du chien. Certains s’adapteront facilement à une élasticité de plusieurs heures (sortie le matin ou le soir en fonction de vos envies ou possibilités), d’autres auront quand même besoin d’un intervalle plus serré. A vous de tester…
Les habitudes comportementales
Certaines habitudes ne sont pas liées à un quelconque horaire mais sont des réponses comportementales.
Vous pourrez remarquer que s’il n’y a aucune intervention humaine, le chien se crée lui-même des habitudes.
Si on le laisse livré à lui-même dans le même environnement plusieurs jours de suite, il prendra des habitudes qui ne conviendront pas forcément aux humains : s’installer pour la journée sur le canapé, se glisser dans vos draps la nuit, se servir sur la table ou dans la poubelle, creuser vos beaux massifs de fleurs etc. Bref, votre chien choisira toujours ce qui lui est le plus agréable et bénéfique à son confort physique et émotionnel.
Il nous revient donc la charge de lui donner les bonnes habitudes à prendre pour vivre en harmonie avec nous.
Pour cela, il faut commencer par balayer devant notre propre porte !
Pensez-vous que vous pourrez avoir un chien calme si vous-même êtes toujours survolté, si l’ambiance familiale est toujours effervescente ou si vous criez en permanence ?
Eh non ! Votre chien s’adaptera et il prendra l’habitude d’aboyer, de sauter, de détruire, de courir partout (rayez les mentions inutiles et rajoutez les autres !)
Pourquoi ?
- Pour se faire une place dans ce bouillon d’activité
- Pour se faire entendre lui aussi (et couvrir votre voix)
- Par nervosité
- Par anxiété
- …
En bref, vos habitudes de vie vont créer les habitudes de votre chien !
Bien sûr, ces habitudes vont s’ancrer sur un tempérament préexistant. Les habitudes qu’un climat instable vont créer chez un chien déjà anxieux seront différentes de celles qu’elles vont générer sur un chien calme et bien dans ses pattes.
Modifier les habitudes comportementales
C’est une des raisons pour lesquelles dans toute rééducation il faut commencer par examiner le milieu de vie du chien et les habitudes comportementales des propriétaires. C’est souvent là que l’on trouve les causes des mauvais comportements.
Comme les habitudes humaines déteignent sur les habitudes canines, la première des choses à faire est d’examiner vos propres comportements habituels et d’envisager de les changer.
Un exemple : j’avais pris l’habitude le soir de donner à mes chiens une oreille de porc à mastiquer. Le rituel était immuable : après le repas, je me dirigeais vers le tiroir contenant les fameuses oreilles puis j’en sortais 4 que je leur distribuai. Ensuite, j’allais m’installer sur le canapé avec mon ordinateur.
Comme un de mes chiens s’est mis à faire de la protection de ressources, j’ai décidé d’arrêter cette coutume pendant quelque temps.
Le problème est que dès que je m’installais sur le canapé, China (une de mes chiennes) se mettait à aboyer sans discontinuer : elle réclamait son oreille !!
Ne voulant pas céder, j’ai modifié mon propre comportement : au lieu d’aller m’assoir, j’ai sorti la table à repasser et je me suis mise à jour du repassage. Pas un son, pas un aboiement !
Le lendemain, j’ai fais autre chose et le lendemain encore autre chose…
En modifiant mon comportement, j’ai cassé l’habitude de mes chiens et nos soirées ont retrouvé leur sérénité.
Les émotions créent des habitudes
Beaucoup de problèmes comportementaux sont en fait des habitudes que le chien adopte pour faire face aux émotions qu’il ressent.
Le chien bien équilibré développe aussi des habitudes (comme tout être vivant) mais nous nous en rendons moins compte puisqu’elles ne nous gênent pas !
Le chien anxieux va ainsi produire des comportements en réponse aux stimuli qui l’angoissent :
- Tel animal va aller se cacher sous un meuble quand la sonnette retentit alors que tel autre va aboyer furieusement ;
- Un chien qui a associé la voiture à des expériences négatives va bloquer pour sortir de la maison alors qu’un autre ne freinera qu’arrivé sur le parking ;
- Certains chiens qui n’obtiennent pas suffisamment d’attention de la part de leur propriétaires prennent l’habitude d’aboyer pour un rien tandis que d’autres vont accumuler les « bêtises » pour se faire remarquer
- Le chien qui a peur de ses congénères peut prendre l’habitude de chercher à fuir lorsqu’il en croise un ou peut choisir de présenter un comportement menaçant
Dans la majorité des cas, toutes ces habitudes peuvent être modifiées à condition de modifier l’émotion de base.
Modifier les habitudes émotionnelles
Si vous entraînez un chien à aller au-devant des invités alors que la sonnette lui fait peur, vous pouvez changer son habitude d’aller se cacher mais vous ne changerez pas son émotion négative (sa peur). Celle-ci s’exprimera alors différemment sous la forme d’une autre habitude indésirable que vous chercherez également à modifier etc.
Il faut donc s’attaquer d’abord au problème de fond (supprimer sa peur) avant d’aborder le problème de forme (aller se cacher).
Si on traite le comportement et non la cause, le chien n’a plus de moyens pour faire face à ses émotions négatives. Il peut mettre en place des activités physiques de compensation. C’est ainsi que l’on voit certains chiens se mettre à avoir des habitudes ahurissantes comme tourner frénétiquement autour de leur queue, se lécher compulsivement ou autres troubles obsessionnels compulsifs (TOC), signes de profond malaise.
Attention, les TOC ne sont pas toujours liés à des émotions négatives mal gérées. La raison peut en être tout autre y compris médicale. Pour ce type d’habitude, il est essentiel de se tourner vers un comportementaliste canin qui, après une évaluation, pourra déterminer s’il s’agit d’un problème comportemental ou s’il est nécessaire de consulter un vétérinaire.
Ce qu’il faut retenir :
- Le chien est, tout comme nous, un être d’habitudes
- C’est nous qui créons les habitudes du chien : les rituels, les habitudes horaires, les réactions émotionnelles aux habitudes comportementales
- C’est nous qui pouvons modifier les habitudes du chien en regardant les nôtres à la loupe
- Avant de changer une mauvaise habitude prise par le chien, il faut s’attacher à en trouver la cause et à éventuellement modifier d’abord l’état émotionnel de l’animal.